UFC QUE CHOISIR du HAVRE

Recyclage.

L’état ne contrôle pas les filières de recyclage.

 

Les dépenses de communication augmentent plus vite que les taux de recyclage.

Un grand bazar qui coûte plus d’un milliard d’euros par an aux consommateurs. C’est le constat dressé par l’UFC Que Choisir au terme de son étude sur les éco-organismes, ces sociétés privées qui gèrent les déchets recyclables. Emballages, piles, équipements électriques et électroniques, textiles, etc., chaque filière a le sien. Mais l’efficacité n’est pas au rendez-vous.

Ainsi, après plus de vingt ans d’existence, Eco-Emballages n’a pas atteint le taux de 75% de recyclage qui lui était fixé. Et avec 6,9 kg par habitant et par an, la filière des équipements électriques reste en deçà de l’objectif inscrit dans son cahier des charges. Ce n’est pourtant pas faute de dépenses de communication. Elles ont augmenté de 17% en trois ans pour les emballages, alors que le taux de recyclage n’a progressé que de 4%. Toutes les filières sont touchées par ces dérives. Chaque éco-organisme fait sa publicité, sur sa marque et sur le geste de tri, alors qu’il est déjà assimilé par 91 % de la population ! Pourtant, le grand public continue à s’interroger sur ce qui se recycle ou pas, sur les lieux de collecte ou encore la bonne couleur de la poubelle.

Gabegie généralisée.

Financées par les consommateurs bien malgré eux, ces publicités qui s’accumulent représentent une vraie gabegie, qui s’explique par l’absence de contrôles. L’État délivre les agréments aux éco-organismes, il établit leurs cahiers des charges mais ne se donne pas les moyens de les faire respecter.

Cinq acteurs publics sont chargés du contrôle, aucun n’a autorité sur l’ensemble, et les sanctions prévues n’ont rien de dissuasif : 30000 € d’amende au plus. Quant au retrait de l’agrément, il reste fictif. Retirer l’agrément à un éco-organisme en situation de monopole est impossible, sous peine de désorganiser la filière. Cette situation entraîne des dérapages. Les objectifs de recyclage ne sont pas atteints ; la prise en charge des coûts et le montant des soutiens font l’objet de fortes dissensions entre collectivités locales qui collectent et éco-organismes qui doivent financer; le conflit d’intérêts est permanent entre la mission de service public des éco-organismes et leur statut de société privée redevable de ses actionnaires contributeurs, les entreprises qui mettent les produits sur le marché.

Face à cette mauvaise gouvernance et à l’utilisation peu performante des fonds prélevés sur les consommateurs, l’UFC Que Choisir demande la création d’une haute autorité indépendante chargée de réguler, de contrôler et de sanctionner l’ensemble des filières et des éco-organismes, de s’assurer du respect du cahier des charges et de l’optimisation des coûts.

QC. °536. Mai 2015.